dimanche 30 novembre 2014


La rivière

Simple ru minuscule à sa naissance
Elle s 'élargit progressivement, sans retenue
Et draine les eaux en abondance
De sources multiples et inconnues.

A travers talwegs et vallées
Elle se fraie rapidement un chemin.
Bordée de jonquilles et de centaurées
Elle serpente adroitement, de cascades en bassins.

La voici maintenant traversant le premier village,
Ses eaux limpides animent le moulin,
Sur ses berges c'est un grand remue ménage
Un cirque s'installe pour quelques jours dans le patelin.

De loin en loin elle s'étoffe, elle s'élargit,
Les saules qui la bordent sont parfois victimes de ses colères.
Il lui arrive bien quelques fois de sortir de son lit
Pour déposer de riches limons sur les terres en jachère.

Les pêcheurs y traquent la perche carnassière,
Les kayakistes jouent aux aventuriers,
Les riverains la craignent et la vénèrent,
Canards et cormorans prospèrent dans les genévriers

Poissons en abondance, régal du martin pêcheur.
Ses plages accueillantes s'offrent aux vacanciers,
Affrontements amicaux de nageurs, de rameurs,
Méditation du rêveur, jubilation du plaisancier.

Elle met en valeur d'inestimables trésors.
Dans ses eaux se mirent des châteaux médiévaux,
De belles demeures aux rutilants décors,
Des cathédrales, des ensembles architecturaux.

Notre rivière devenue fleuve, s'étale maintenant dans la plaine.
Prés de l'estuaire elle se confronte à la marée.
Aloses et esturgeons se partagent ses eaux avec anguilles et saumon des fontaines
Des passionnés sur ses berges remontent inlassablement les carrelets.

Bientôt le voyage s'achève par une immense brèche dans la dune.
Mariage d'eau douce et d'eau salée, assaut maritime du mascaret.
Pour les surfers autre scène de jeu opportune,
Aubaine pour le débutant tout comme pour l'initié.
 La magie de la rivière perdure depuis l'aube de l'Humanité.










 












mardi 18 novembre 2014



Le vent,

Mistral dans la vallée du Rhône,
Autan dans la vallée de la Garonne,
Tramontane à Perpignan,
Marin, Bise, ou Harmattan,
Tu caresses la peau, tu ébouriffes les cheveux,
Déchaîné, tu agaces, tu nous rends nerveux.
Musicien quand les drisses chantent dans la mature,
Tu  respires, tu soupires, tu gémis, tu es une authentique créature.
Coquin, tu relèves les jupes des filles,
Magicien, tu fais voleter feuilles et brindilles.
Alizé bienfaisant d'un soir d'été,
Noroît balayant en tempête la mer déchaînée.
Bourrasques puissantes levant des vagues sur la lagune,
Souffle chaud du Simoun échevelant les dunes.
Attendu des jours durant par la marine à voile,
Embarcation glissant sans bruit sous les étoiles.
Animant jours et nuit les champs d'éoliennes,
Ballottant doucement la félouk égyptienne.
Tu agites inlassablement l'atmosphère
Equitablement entre les deux hémisphères.
Tu fais le bonheur des vélivoles,
D'aucun t'appellent familièrement Eole
Mais aussi celui des véliplanchistes
Et plus encore celui des cerf volantistes.
L'écologie t'a propulsé au premier rang
Des énergies de remplacement.
Tu es devenu incontournable
Pour fournir de l'électricité à prix équitable.
Tu prend même le pas sur le soleil parfois,
Rarement à bout de souffle tu te relâches quelquefois,
Repos bien mérité avant de recommencer
A faire onduler les blés ou bien à les plier.
Quand tu souffles trop fort je m'abrite dans les calanques
Mais ton absence totale est vécue comme un manque.
Tu es un ami parfois un peu brutal, parfois irascible,
Un géant tout puissant, impalpable, une force indestructible.









jeudi 13 novembre 2014


Les mains,

Petites menottes du nouveau né,
Mains aux longs doigts effilés du pianiste,
Mains caleuses du paysan,
Mains du vieillards déformées par l'arthrite,
Nos mains sont notre propre reflet
Témoins de notre passé, fenêtres sur notre avenir.
Lisses, tièdes et roses,
Crevassées ou rêches comme de l'émeri,
Potelées ou osseuses,
Ongles manucurés de l'intellectuel,
Ongles rongés de l'éternel inquiet
Ongles peints, ongles vernis,
Doigts jaunis du fumeur,
Doigts ornés d'une simple alliance ou de grosses bagues,
Doigts coupés de l'ébéniste,
Doigts boudinés d'engelures,
Doigts décharnés du mourant,
Poing fermé brandi vers le ciel d'une manif.,
Poing ganté du boxeur,
Poing américain lourd de menaces,
Poings serrés aux phalanges blanchies,
Poing levé dans un stade olympique,
Gestes d'apaisement,
Gestes d'incitation ou d'indignation,
Gestes obscènes,
Gestes d'amitié, gestes d'amour …
Mains tatouées, mains rougies de henné,
Mains huileuses du mécanicien,
Mains caleuses du maçon,
Mains qui frappent dans un accès de colère,
Mains qui souffrent, mains qui saignent,
Mains qui câlinent, qui cajolent, qui réconfortent,
Mains qui soignent, qui massent, qui guérissent,
Mains qui s'unissent dans la prière,
Mains préhistoriques au plafond d'une grotte
Mains du mime qui parlent,
Mains agiles du jongleur, du prestidigitateur,
Mains lestes du cleptomane, du voleur,
Toutes différentes et toutes semblables
Nos mains sont des surdouées, capables du pire ... comme du meilleur !






L'automne

Nous revoici en automne
Dernière étape avant l'hiver honni.
Dame Nature se pare de rouge et de jaune,
Glaner quelques châtaignes rompt la monotonie.

Des chasseurs arpentent plaines et friches
Guettant fébriles, lièvres, faisans et passereaux.
A l'orée du bois voyons se profiler une biche,
Dans le lointain, s'envoler des perdreaux.

Les températures sont fraîches, le soleil blafard.
Une fine couche de brouillard stagne par endroits.
Du village nous parviennent les notes d'une fanfare
Alors que nous cheminons sur un sentier étroit.

Des chanterelles se cachent sous les feuilles mortes,
Nous les débusquons de la pointe d'un bâton
Je pense la tablée de ce soir, à ce que cela comporte
A la succulente poêlée arrosée de St Emilion.

Entre parents, entre amis, au son du vieux gramophone
Autour d'une table élégamment dressée
Savourerons les richesses de l'automne.
Avec Joe à la guitare, chanterons en chœur à la veillée.

J'adore par dessus tout ces réunions impromptues,
Ces communions autour de bons petits plats,
Entouré de gens que j'aime et qui constituent
Ma famille élargie, mon univers, mon habitat.

Profitons de ces moment privilégiés
Avant l'apparition des froidures mordantes,
Avant que l'hiver nous contraigne à l'immobilité
A égrener des journées grises et obsédantes

Qui n'en finissent pas de s'éterniser.
Profitons de ces derniers jours ensoleillés
Noix, marrons et arbouses allons traquer
Dans ces landes, ces plaines et ces vallons enchantés.










    





samedi 8 novembre 2014



Les mots

La richesse de notre vocabulaire n'a pas de prix
Un mot pour chaque chose, pas d'approximations.
Les mots sont le levain de l'esprit,
Via la parole, le meilleur moyen de communication.

Les mots cisèlent nos phrases,
Ils leur donnent toute leur saveur, 
Ils sont le ciment, ils sont la base
Les briques de l'édifice, sa profondeur.

Mots d'amour, de joie, de tendresse,
Mots d'insultes, d'indélicatesse, de mépris,
Mots chargés parfois de maladresse
Mots assimilés ou quelques fois mal compris.


Mots inventés, langage codé d'adolescents,
Mots appris sur les bancs de l'école
Mots d'écrivains, mots aux divers accents,
Mots de marins, de docteurs, ou de protocole.


Tonitruants dans la bouche de l'orateur,
Pudiques, murmurés, susurrés, chuchotés,
Déclamés au théâtre par l'acteur,
Les mots éclairent et façonnent nos pensées.

Ils évoluent parfois au fil des temps,
Leur signification peut varier suivant les régions.
Ils n'en restent pas moins le meilleur vecteur et pour longtemps
De l'expression de nos pensées, du partage de nos émotions.

Ne nous laissons pas tenter par les dérives informatiques.
Notre langue est belle et mérite tout notre respect
Glorifions la sans honte, c'est notre bannière emblématique,
Notre culture, notre bien commun, notre identité.    










   

dimanche 2 novembre 2014


Balade landaise

Petit chemin dans la forêt
Modeste sente serpentine,
Caillouteux, par endroits dégradé,
Jonché de ronces et d'aubépines.

Tu guides mes pas à travers bois
Jusqu'aux vastes dunes océanes.
Dois-je vous confier combien j'aime cet endroit ?
De la fumée s'échappe de la cabane.

Les chasseurs sont là à l'affût
Guettant cols verts et palombes.
A quelques pas coule un ru
Où la truite se cache dans l'ombre .

Je m'arrête et cueille quelques morilles,
Pour un dîner gourmet, apprêtées en omelette.
Je ne sais plus où poser mes espadrilles.
Des ceps viennent opportunément compléter ma cueillette.

Dans les dunes des arbres au tronc torturé,
Malmenés par les vents d'ouest
Invoquent des sorcières ratatinées,
Prêtes à vous jeter un sort des plus funestes.

Enfin l'océan apparaît, immense, majestueux
Que de blancs moutons parsèment.
D'énormes vagues dans un déchaînement tumultueux
Se fracassent sur le sable, sacrifiant leur diadème.

Je parcours la plage en quête de bois flotté,
Matière première de mes futurs tableaux.
Pléiade de formes et de motifs variés
Embarras du choix pour ma collection d'oiseaux.

Quel bonheur de parcourir en tous sens cette lande
Au gré de ces petits sentiers
Qui embaument le pin et la lavande,
Privilège d'une poignée d'initiés  
Amoureux de grands espaces que Dame Nature nous tend comme une offrande.