jeudi 24 décembre 2015


 
Petite fleur

Depuis l'enfance, blottie au fond de mon cœur
Tu t'éveilles parfois et tu t'épanouis,
A la vue d'une œuvre d'art, d'un merle moqueur,
A l'écoute d'un saxophone dans la nuit.

A la caresse des courbes d'une statuette de bois,
D'une peinture aux couleurs chatoyantes,
A la silhouette d'un trois mâts hissant le grand pavois,
A la vue d'un faon dans la campagne verdoyante.

Au sourire timide d'un convalescent,
D'un cheval indompté galopant dans un pré,
D'un coucher de soleil d'un rouge incandescent,
Du bleu profond de la mer au chaud soleil d'été.

Ma petite fleur n'a pas fini de s'émerveiller
Chaque jour elle déploie comme une bannière, sa corolle.
Plantée fière sur sa tige, parfaitement éveillée,
Elle me conte des fables, elle est bien dans son rôle.

Puis subrepticement elle retourne se coucher
Jusqu'à ce que je découvre une perle rare,
Un bouquin d'aventure, un livre de chevet
Jalonné de flèches empoisonnées au curare.

D'immenses fleuves traversant des canyons abrupts,
De bivouacs, de feux de bois sous un tapis d'étoiles,
De rapides angoissants et de chances que l'on suppute
D'atteindre les eaux calmes pour enfin hisser la voile.

Aujourd'hui encore, après tant et tant d'années
Tu me tires parfois des larmes de bonheur,
Tu t'émeus d'un rien et tu me fais rêver.
Epanouie toi souvent petite fleur et continue sans relâche à faire bondir mon cœur.












samedi 19 décembre 2015


                                           Quand Paris se met en colère


« Que l'on touche à la Liberté et Paris se met en colère «
Aucune autre chanson ne peut mieux symboliser l'esprit de la Capitale.
Où, mieux qu'à Paris est-on plus attaché à ce principe fondamental
Qui nous soude qui nous unit et que pardessus tout l'on vénère ?

 « Paris a la fièvre, il se soigne à sa façon »
Après le deuil c'est le déchaînement, d'une force longtemps ourdie,
Intériorisée, ressassée, ruminée qui subitement surgit,
Jetant dans la rue l'ouvrier et le col blanc, au coude à coude dans l'action.

« A chacun sa grenade, son couteau ou ses mains nues «
Pour traquer les assassins, les bandits, les bouchers
Qui, un jour de novembre, plus de cent Parisiens ont fauché
Dont les âmes, en l'espace d'un instant, se sont à jamais tues.

« Le monde tremble quand Paris est en danger»
Indomptée, fière, prête à brandir sabres et fusils,
A tout mettre en œuvre pour dire non à la barbarie
Et dans un seul élan, anéantir l'ennemi, le foudroyer.

« Quand Paris sonne le tocsin çà s'entend au bout de la terre «
Des voix s'élèvent venant des Amériques, d'Asie voir d'Océanie
Se sentant personnellement concernées, meurtries,
Chacun quitte la maison, l'usine, le bureau et part à la guerre.

« Quand Paris sera libéré, ce sera la fête à la liberté et Paris retrouvera la lumière»
On chantera et l'on dansera dans les rues et sur les places
L'accordéon et le violon viendront opportunément briser la glace,
Paris retrouvera soudainement son vrai visage et sa gaieté et redeviendra ô combien, accueillante et hospitalière !


mercredi 9 décembre 2015


Concerto d'Aranjuez,


 Les notes de ta guitare ne me laissent pas indifférent.
J'entends d'ici le bruissement de l'eau de tes fontaines,
J'imagine sur les murs blanchis, des roses rouge sang.
Des cœurs entrelacés filtrant le jour au travers les persiennes.

Je vois une belle cité prospère, alanguie
Au soleil, noyée dans une végétation luxuriante,
De longues promenades, et des allées fleuries,
Silencieuse aux heures chaudes, dès le soir, exubérante.

Des bougainvilliers monter à l'assaut des balcons,
Des grilles de fer forgé, aux motifs élaborés.
Des fleurs bleues de jacarandas à foison,
Des portes de chêne imposantes et des patios secrets.

J'admire ton ciel bleu, j'entends le vent gémir dans la plaine.
J'aperçois des duègnes en mantilles se rendant à l'église.
Au détour d'une place apparaissent deux sœurs franciscaines
Psalmodiant du bout des lèvres des prières, sans fin reprises.

Des jets d'eau rafraîchissants dans tes jardins,
Des quartiers aux ruelles étroites et sombres
Mais aussi des noms gravés, répertoire anodin
De héros d'une guerre fratricide, discrets comme des ombres.

« Au soleil, au vent de la plaine et aux années qui vont passant, »
Le mois de mai redonne vie aux roses rouges
Qui éclaboussent ce mémorial de leurs tâches de sang.
Aranjuez, reste ainsi dans mon cœur et que surtout rien ne bouge !


Entre guillemets, allusions aux paroles françaises de Guy Bontempelli de : « Aranjuez mon amour. »