FICTION ???
Elliott
Ford est décidément un curieux personnage ! A vingt quatre
ans, ses études d'ingénieur aéronautique terminées, il débute
ses activités professionnelles au sein de l'immense consortium
Boeing et participe activement au développement du B777. Puis il est
affecté à la section militaire du même constructeur et participe à
la mise au point le chasseur F35. Par ailleurs, pilote professionnel
civil, il postule durant plusieurs années auprès de la NASA pour un
poste d'astronaute. A sa cinquième demande, il est convoqué à
Houston pour passer une batterie de tests psychotechniques et des
examens médicaux très exigeants. Les résultats sont concluants
mais les places sont déjà prises pour les trois ans à venir !
Dans
l'attente, la NASA l'affecte au « propulsion laboratory »
où il est chargé avec ses collègues d'inventer d'autres modes de
propulsion que ceux connus à ce jour.
Dans
ce but, il reprend les études faites par le génial Tesla et celles
faites par différents ingénieurs dont celles du français
Jean-Pierre Petit, concernant la magnétohydrodynamique (MHD).
Depuis
les années 1980 où elles ont été délaissées par leur initiateur
par manque de moyens financiers, les progrès en informatique
notamment, ont été tels qu'il peut, bien mieux que son illustre
prédécesseur, mettre en équation un certain nombres d'idées un
peu floues qui ne s'étaient pas concrétisées jusqu'alors.
Il
peaufine les travaux de l'ingénieur français et les présente à
ses employeurs. Son ambition est de propulser un véhicule à travers
l'espace à une vitesse approchant celle de la lumière c'est-à-dire
trois cent mille kilomètres seconde !
La
présentation de ses recherches se heurte d'abord à un certain
scepticisme de la part de ses pairs mais têtu, il multiplie ses
exposés et ses arguments sont tellement convaincants que finalement
la NASA lui offre les moyens de mettre son projet à exécution. Il
pourra donc disposer dorénavant de toutes les infrastructures
existantes et notamment d'une soufflerie hypersonique. De plus sa
hiérarchie consent à détacher auprès de lui une demie douzaine
d'ingénieurs de haut vol, spécialisés dans des domaines
différents : aérodynamique, mécanique des fluides, structure
des matériaux, électromagnétisme etc...
Toutes
les études qu'il avait faites jusque-là ne correspondaient qu'à
des simulations informatiques. Son équipe constituée, il peut
maintenant passer aux travaux pratiques.
Des
modélisations sont à inventer de toutes pièces car personne
n'avait jusqu'à ce jour étudié le comportement dans l'air d'un
véhicule se déplaçant à une telle vitesse, tant dans l'air dense
de notre atmosphère que dans le relatif vide sidéral. Il est
convaincu du bien fondé de ses calculs et ne doute pas un seul
instant de pouvoir vérifier leur véracité à l'aide d'un engin de
son invention.
Il
a évidemment fait le tour de toutes les possibilités en matière de
propulsion mais à ce jour et pour atteindre de telles vitesses aucun
moteur existant ne peut remplir à lui seul cette fonction. La MHD
est donc à ses yeux le seul moyen d'y parvenir en l'associant à des
réacteurs classiques, voire à des moteurs fusée … et pourquoi
pas les deux ?
Le
but est d' isoler le maître couple du véhicule dans une sorte de
bulle afin de l'affranchir de tous les frottements et de toutes les
turbulences inhérentes à l'air dans lequel il se déplace. La MHD
répond à ce critère. Il s'agit d'un procédé qui consiste à
ioniser les molécules d'air à l'aide d'électrodes afin de créer
un plasma à l'avant de l'appareil. Si celui-ci ne rencontre plus de
résistance à l'air ambiant, sa vitesse peut-être alors considérée
comme illimitée.
Les
études théoriques sont une chose, mais leur concrétisation en est
une autre. Il se heurte à une foule de problèmes et tout
particulièrement à celui du matériau à utiliser pour
confectionner l'engin.
Il
faut allier légèreté et tenue aux hautes températures car la MHD
est génératrice de chaleur. Avec son équipe il passe en revue tous
les alliages existants et soit ils sont trop lourds, soit ils perdent
partiellement de leur intégrité aux températures élevées. Dans
l'immédiat il faudra donc se résoudre à un compromis et abandonner
temporairement les vitesses très élevées. Il opte finalement pour
un matériau, le tungstène qui supporte de fortes températures et
dont la seconde qualité est une très bonne conductivité électrique
mais il est relativement lourd.
La
cellule sera sensiblement triangulaire, les réacteurs seront
disposés sous l'appareil à la manière de ceux du Concorde et
comporteront des entrées d'air classiques pouvant être occultées à
vitesses élevées.
A
un point de Mach qu'il reste à définir, l'admission de l'air
alimentant les réacteurs sera redirigée sur la partie supérieure
de l'appareil et la MDH entrera alors en jeu. Le flux ionisé,
considérablement ralenti, permettra aux réacteurs de demeurer
opérationnels jusqu'à des vitesses de l'ordre de Mach 10/12.
Trois
longues années sont nécessaires pour réaliser en toute discrétion
ce véhicule hors normes.
Puis
enfin le « roll out » est organisé devant une petite
cinquantaine de personnes, essentiellement ingénieurs et techniciens
directement impliqués dans le projet.
L'équipage
composé du prestigieux pilote d'essai Jack Mac'Carlson, qui avait
procédé, entre autres, il y a quelques années, aux essais du
Boeing V22 Osprey et d'Elliott lui-même, par dérogation spéciale
de la NASA, s'installe à bord de l'étrange machine afin de
reproduire les gestes qu'ils ont mille fois répété sur un
simulateur de leur conception.
L'appareil
est baptisé HSEV-1 (Hight Speeds Experimental Vehicle).
D'innombrables capteurs sont disposés à bord afin de retransmettre
en temps réel à l'équipe au sol, toutes les informations
concernant l'attitude de l'appareil, la puissance développée,
l'altitude, la vitesse etc... et, grande première, un dispositif a
été mis en place afin qu'elle puisse éventuellement depuis le sol,
reprendre les commandes en cas de défaillance de l'équipage.
Jack
et Elliot effectuent leur premier décollage et augmentent
progressivement la vitesse de l'appareil. Ils ont l'impression de
s'amuser à un jeu vidéo, toutes les manœuvres entreprises
jusque-là sont si fluides ! En quelques fractions de secondes
ils ont atteint une vitesse de huit cents kilomètres heure qu'ils
stabilisent. Puis ils effectuent quelques virages et soudain la voix
du directeur de vol les surprend leur demandant expressément
d'amorcer un retour sur base afin de rester dans le cadre strict du
programme établi pour les vols d'essai.
Quarante
minutes déjà, le temps a passé si vite !
De
retour au sol l'équipage laisse éclater sa joie, on se congratule
et l'appareil est rapidement tracté vers son hangar afin de vérifier
la tenue mécanique de chaque élément qui le composent. Le soir une
fête est organisée pour remercier le travail de chacun des
participants et marquer la fin de cette première phase.
Une
multitude d'autres vols sont bien sûr programmés afin de tester
l'appareil dans tout son domaine de vol et lui faire atteindre à
échéance des vitesses hypersoniques.
Au
retour d'un vol présentant une légère avance sur le programme
l'équipe au sol en profite pour expérimenter le pilotage à
distance ce qui suscite quelques frayeurs à l'équipage qui préfère
reprendre les commandes pour poser l'appareil.
Les
essais se poursuivent ainsi semaines après semaines, mois après
mois suivant le protocole établi. Plusieurs types de batteries sont
testées, des éléments de structure sont renforcés, la géométrie
des entrées d'air réacteurs est redessinée…
Pour
l'heure, Elliott est écartelé entre la poursuite de son projet et
de sa collaboration avec l'équipe parfaitement compétente et soudée
qu'il a lui-même constituée, et l'offre qui vient de lui être
faite par la NASA de débuter un entraînement de quatre ans au sein
d'une équipe de cinq futurs astronautes.
Une
réponse est requise sous quarante-huit heures !
Son
projet est maintenant sur les rails et il est conscient que son
absence ne le mettra pas à mal pour autant. Ce sera donc son
collaborateur le plus proche Edouard North qui se chargera de la
poursuite de l'aventure. Il a attendu plus de trois ans avant que
l'on ne fasse appel à lui et malgré son enthousiasme pour son
vaisseau hypersonique, son éventuel recrutement dans le corps des
astronautes lui revenait chaque jour à l'esprit, comme un leitmotiv.
Aujourd'hui c'est le grand jour et son hésitation n'aura finalement
été que de courte durée.
Il
va enfin rejoindre cette famille prestigieuse qui ne cesse de
s'agrandir, cette famille d'hommes et de femmes hors du commun qu'il
n'a jamais cessé d'admirer depuis sa plus tendre enfance !
Le
grand projet de la NASA d'envoyer un homme sur Mars est en marche et
parallèlement les vols à destination de la Lune sont de nouveau
d'actualité. Trois options s'offrent donc à lui : participer à
la reprises de l'exploration Lunaire comme ont commencé à le faire
de 1969 à 1972 ses grands « anciens », ses idoles ou séjourner
pour un temps dans la Station Spatiale Internationale. Si cela ne
dépendait que de lui, ce serait évidemment la première option
qu'il retiendrait, sans hésitation ! La troisième est bien
alléchante, mais il craint qu'il lui faille encore attendre un
certain temps pour le voyage sur Mars.
Il
dispose encore de quelques mois avant le début de l'entraînement,
il va donc en profiter au mieux pour faire avancer son projet avant
de passer la main.
Les
vols d'essai de l'HSEV-1 se poursuivent, entrecoupés de
modifications et d'améliorations indispensables.
Elliott
se prend à rêver que compte tenu des retards accumulés par le
projet Orion de la NASA, le vaisseau de transport vers Mars, un HSEV
adapté pourrait fort bien avoir son rôle à jouer, non pas comme
concurrent, mais comme moyen de transport alternatif vers cette
lointaine destination.
Jack
forme un autre pilote pour remplacer Elliott. Il s'agit de Conrad
Stone, le pilote d'essai qui a effectué le premier vol sur l'avion
multi-rôle à décollage vertical, le Boeing F35.
Au
bout du vingt-huitième vol d'essai l'équipage pousse la machine à
des vitesses supersoniques, mach 1,5, puis mach 2 quelques jours plus
tard. L'appareil se comporte bien d'une façon générale. Il y a
quelques pannes bénignes de temps à autres comme sur tout appareil
en phase d'essais, mais cela n'entame pas l'enthousiasme de l'équipe
qui s'est vite remise de l'annonce d'Eliott concernant son départ
pour le corps des astronautes.
Le
film de cellules photovoltaïques qui enveloppe certaines parties de
l'appareil constitue pour l'heure le plus gros problème. Il se
dégrade facilement et les techniciens doivent en changer trop
souvent des pans entiers. La solution pourrait se trouver non pas aux
USA mais en Suisse où la maîtrise du domaine de l'énergie solaire
est optimale. Un ingénieur suisse de renom à qui l'on fait un pont
d'or, est enrôlé dans l'équipe de marque. Un chantier de plusieurs
semaines cloue aussitôt la machine au sol afin de disposer sur les
parties concernées, une sorte de tissu de quelques microns
d'épaisseur, le nec plus ultra, ce qui se fait de mieux sur le vieux
continent en matière de cellules photovoltaïques.
C'est
au moment où la reprise des vols est imminente qu'Elliot quitte à
regret son équipe. Il n'est néanmoins pas très inquiet car il sait
que son œuvre est entre de bonnes mains en la personne d'Edouard
North qu'il considère comme son alter ego.
L'entraînement
intensif d'Elliott et de ses compagnons, à Houston mais aussi dans
l'Utah, en Antarctique ou à Moscou, ne lui laisse pas beaucoup de
temps pour s'intéresser au développement ultérieur du projet HSEV.
Les journées sont longues. Entre les différents exercices
programmés et le sport qu'il pratique comme ses compagnons de façon
soutenue, il sombre chaque soir vers minuit dans un profond sommeil.
Les entraînements en piscine notamment, en scaphandre spatial, sont
particulièrement éprouvants. Heureusement il y a aussi des périodes
plus ludiques telles les vols paraboliques qui permettent aux futurs
astronautes de se familiariser à l'apesanteur.
La
partie théorique n'est pas négligeable non plus et la connaissance
parfaite de la station spatiale internationale par exemple demande à
elle seule des mois d'apprentissage.
Les
simulations sont nombreuses et rien n'est laissé au hasard, de la
meilleure façon d'enfiler un scaphandre à la façon de s'alimenter,
de se laver … ou d'aller aux toilettes ! L'accent est mis en
permanence sur la sécurité et chaque exercice est décortiqué et
étudié dans ses moindres détails.
Une
infinité de pannes sont simulées avec pour chacune d'entre elles
l'étude de la façon la plus rapide et la plus efficace d'y
remédier. Ces gestes salutaires sont répétés autant de fois que
nécessaire jusqu'à la parfaite résolution du problème. Les
retours d'expérience d'incidents ayant eu lieu réellement sont
également étudiés avec la plus grande attention. Le cas dramatique
d'Apollo 13 et la résolution des différentes pannes auxquelles les
astronautes ont dû faire face, est étudiée dans ses moindres
détails. Les accidents qui ont parfois coûté la vie à leur
prédécesseurs ne sont pas éludés non plus !
Périodiquement
Elliott reçoit des textos d'Edouard North lui relatant des avancées
ou les incidents à déplorer sur l'HSEV-1, mais il est tellement
préoccupé par son entraînement qu'il est complètement déconnecté
de ses activités antérieures. Il se demande même parfois si c'est
bien lui qui a été à l'initiative de ce projet.
Il
consacre ses très rares moments de détente à contacter par
téléphone sa famille et ses amis, à lire ou écouter de la
musique. Il mène une vie d'ascète. Les seules personnes qu'il
fréquente sont ses collègues et ses instructeurs. Ils vivent en
vase clos dans les quartiers que la NASA met à leur disposition, le
plus souvent sur des bases aériennes, partout où leur entraînement
les porte, ils travaillent ensembles, ils prennent leurs repas
ensemble. Si une petite fête est donnée pour un anniversaire par
exemple il n'y a jamais ou que très exceptionnellement d'invités
extérieurs à leur petit groupe. Cette façon de procéder n'est pas
anodine. Chacun doit pouvoir compter sur ses collègues sans se poser
de question ; il est donc nécessaire qu'ils se connaissent
parfaitement et qu'ils sachent comment réagira l'autre devant telle
ou telle situation. Les voyages interplanétaires sont longs et il
faut apprendre par une parfaite connaissance de l'esprit de chaque
coéquipier, à éteindre les tensions avant même qu'elles ne
s'amorcent.
Les
mois puis les années se succèdent, la petite équipe est maintenant
parfaitement rodée et apte à affronter
tous les problèmes potentiels susceptibles d'être rencontrés
durant leurs futurs voyages interplanétaires. Leur entraînement
proprement dit est maintenant terminé.
Dans
un futur proche la seule femme du groupe, Dora Fisher, sera bientôt
appelée à rejoindre la Station Spatiale Internationale pour une
durée de huit mois, le plus long séjour qu'une femme aura réalisé
à bord.
Avant
son retour sur Terre elle sera rejointe par son collègue de
promotion Tony Rozandez. Dans l'attente de leur expédition lunaire,
les trois autres astronautes jouent le rôle d'instructeurs auprès
d'une classe de dix nouvelles recrues car la mise au point définitive
de la légendaire fusée Saturne qui subit un immense chantier de
restructuration n'est pas tout à fait
terminée.
Voila
cinq ans maintenant que la NASA a mis sur pied
son nouveau programme lunaire. Elle envisage de créer un « pont
spatial » afin d'établir sur la Lune plusieurs bases fixes
réparties sur plusieurs sites différents.
Parallèlement
la phase d'essais du nouveau module lunaire, s'achève. Le matériel
sera «largué» par un dispositif simple et peu coûteux qui
s'apparentera au système des airbags de voitures. Un déclencheur
pyrotechnique assurera à quelques dizaines de mètres de la surface
le gonflage de ballons hyper résistants
qui amortiront le choc à l'alunissage.
De
nouveaux véhicules lunaires ont également vu le jour en tenant
compte des expériences passées. Les derniers tests sont en cours
sur une île déserte en Alaska.
Les
premières structures qui hébergeront les astronautes seront des
structures gonflables pouvant être assemblées entre elles à
l'infini. Elles serviront d'ateliers et de lieux de vie provisoires
en attendant la création de bases souterraines définitives.
Le
but officiel de cette colonisation lunaire est l'adaptation de
l'Homme à longue échéance à ce milieu hostile, la recherche de
nouvelles énergies, de nouveaux minerais, l'installation de
télescopes qui permettront de s'affranchir de la pollution terrestre
et d'explorer l'Univers profond et enfin l'élaboration de nouveaux
moyens de télécommunications.
La
pression quotidienne subie durant l'entraînement est maintenant
retombée et Elliott se pose parfois des questions au sujet de la
fusée Saturne. Certes elle a été revue et corrigée et les
avancées technologiques réalisées depuis les années 70 ont été
largement mises en œuvre, mais les moteurs lui paraissent totalement
obsolètes. La NASA lui semble parfois être une administration bien
lourde et même d'un autre temps, mais constitue pour lui un passage
obligé qui lui permettra de réaliser ses rêves d'astronaute.
Il
partage son temps entre l'instruction de ses jeunes collègues le
matin et les après-midi
sont consacrées à la répétition des tâches qu'il devra accomplir
tout au long de son voyage spatial.
Depuis
peu les fonctions de chacun des trois membres d'équipage ont été
définies. Le plus délicat fut de désigner l'astronaute en charge
du module de commande et contraint d'attendre ses collègues en
orbite lunaire. C'est finalement Hamilton Scott qui a été désigné
pour cette tâche. Elliott quant à lui, pilotera le module lunaire
et il aura comme coéquipier Brian Cooper ingénieur de bord.
Les
buts de leur mission baptisée MSA « Moon Second Act », sont
multiples. Ils emmèneront dans leur module lunaire des structures
gonflables, un télescope, plusieurs systèmes de télécommunications,
un véhicule tout terrain en kit et des vrilles électriques pour
effectuer des carottages. Arrivés à destination ils commenceront
par déployer les structures gonflables ainsi qu'un certain nombres
d'antennes radio. Le télescope leur servira à observer, entre
autre, la planète Wolf 1061C qui intrigue les astronomes depuis
quelques mois et qui selon eux pourrait éventuellement abriter une
forme de vie. Le véhicule leur servira à effectuer des
reconnaissances dans un rayon de 20 kilomètres autour du module,
d'implanter des instruments de télémesures sur plusieurs sites
différents et de recueillir des échantillons du sous-sol lunaire.
La
mission s'échelonnera sur cinq jours et ils passeront deux jours
complets sur la Lune avant de rejoindre Scott Hamilton dans le module
de commande.
La
feuille de route des astronautes diffère finalement peu des
premières reconnaissances lunaires effectuées par les pionniers.
Sauf exception, il n'y aura pas lieu cette fois de ramener des
échantillons de pierres lunaires, les laboratoires en sont remplis !
Le
module de Scott prendra en continu des photos haute définition des
zones survolées. Il servira également, comme par le passé, de
relais radio entre le module lunaire et la salle de contrôle de
Huston.
Les
puissants ordinateurs qui équipent les deux modules faciliteront
largement la tâche des équipages pour le rendez-vous orbital
précédant le retour vers la Terre.
Les
leçons tirées de l'aventure malheureuse d'Apollo 13 sont dans
toutes les mémoires et toutes les mesures ont été prises par
ailleurs, pour éviter qu'elle ne se reproduise.
«Saturne
2.0» est prête. Les batteries de vérifications à tous les niveaux
ont duré plusieurs jours et n'ont révélé aucune anomalie, il n'y
a plus qu'à l'acheminer sur son pas de tir, la positionner à la
verticale, remplir les immenses réservoirs de ses moteurs
cryogéniques … et débuter le compte à rebours.
Durant
les quelques heures qui précèdent le départ un emploi du temps
très strict est imposé à l'équipage afin de lui permettre une
concentration optimale. Un créneau horaire est consacré à la
visite des familles, puis c'est l'acheminement vers le pas de tir.
Ils s'installent à leur poste respectif et savourent l'espace d'un
instant ce moment qu'ils attendaient tous les trois depuis des
années.
Ils
égrènent l'interminable « check list » puis perçoivent dans
leurs écouteurs le directeur de vol débuter le décompte
fatidique : 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, Allumage !
Ils
se retrouvent soudain au cœur d'un ouragan, le tonnerre des moteurs
leur déchire les tympans et les vibrations sont telles qu'ils ne
peuvent plus lire les informations sur leurs tableaux de bord. Puis
progressivement le tonnerre laisse place à une sorte de suintement
et les vibrations disparaissent presque totalement.
Leurs
tâches à bord se réduisent désormais à la surveillance des
différents paramètres, ils n'ont plus qu'à se laisser transporter
par leur fusée dans le vide intersidéral.
Largage
du premier étage, largage du deuxième étage, largage du troisième
étage, contrôlés par caméras.
A
l'issue de la deuxième orbite, Saturne 2.0 libérée de l'attraction
terrestre file maintenant vers notre satellite naturel à une vitesse
de 40.000 km/h.
La
mise en orbite autour de la Lune est réalisée à 110 km au dessus
du sol lunaire. Il est temps maintenant pour Elliott et Brian de
débuter la descente vers la Lune. Le pilotage du module lunaire est
entièrement programmé et leur travail se résume à la surveillance
des différentes séquences de la descente. L'alunissage soulève un
panache de poussière lunaire, la régolite, l'ennemie jurée des
astronautes. Il leur faudra attendre de longues minutes avant que ce
nuage ne se dissipe pour pouvoir enfin fouler le sol lunaire.
Elliott
quitte le module. Il est le treizième homme à avoir le privilège
de marcher sur la Lune. Pour beaucoup de ses compatriotes le chiffre
treize est synonyme de désastres, de catastrophes (Apollo 13) mais
Elliott, lui, s'en moque totalement. Il est rejoint quelques instants
plus tard par son coéquipier à qui malgré leur encombrant
scaphandre, il donne l'accolade. Ce jour est un grand jour pour eux
deux. C'est l'aboutissement de plus de cinq années de préparation !
Un
message radio de félicitations leur parvient d'abord de Scott puis,
un peu plus tard, du directeur de vol à Houston.
Mais
il n'y a pas de temps à perdre et rapidement il entreprennent les
différentes tâches qui ont été planifiées : déploiement
des structures gonflables, mise à l'abri du précieux télescope et
des différents outillages. Après quelques heures de sommeil ils
procèdent au montage du véhicule tout terrain.
En
très peu de temps ils se sont adaptés à la pesanteur qui règne
sur la Lune (six fois moins importante que la pesanteur terrestre) et
qui leur facilite grandement la tâche lorsqu'il s'agit de manœuvrer
de lourdes charges.
Ils
sont tellement occupés que les heures passent vite et c'est Houston
le plus souvent qui les invite à cesser temporairement leurs
activités pour prendre du repos.
Régulièrement
ils aspirent la poussière qui recouvre leur scaphandre, une
poussière fine et abrasive qui pourrait à terme causer des dégâts
irrémédiables à leurs équipements.
Les
explorations en VTT commencent suivant un plan préalablement établi.
Ils fixent des antennes, effectuent des carottages. Le véhicule
leur donne entière satisfaction et en s'éloignant de plus en plus
du module lunaire ils découvrent d'autres paysages, plus tourmentés.
Ils
mettent en place le télescope. Leur rôle ne consiste pas à scruter
le ciel mais à pointer le télescope vers Wolf 1061C. Un système de
réglage à distance doit permettre aux astronomes au sol d'effectuer
les réglages fins et de recueillir les données.
Des
caméras haute définition fixées à demeure sur leur scaphandre
filment en continu tous leurs faits et gestes.
Après
deux jours passés sur la Lune leur mission s'achève. Ils rangent
tout leur matériel (VTT compris) dans la structure gonflable amarrée
au sol. Il leur faut maintenant procéder à un ultime nettoyage de
leurs équipements avant de s'installer au poste de pilotage du
module lunaire, il s'agit sans équivoque de la tâche la plus
ingrate qu'il soit !
Ils
égrainent la check list ... petite boule à l'estomac avant
d'allumer les moteurs ! Mise à feu, le module lunaire allégé de
tous les matériels restés sur place ainsi que de son deuxième
étage qui lui sert de pas de tir, s'arrache du sol lunaire. Guidé
par son ordinateur de bord il se positionne pour son rendez-vous avec
le module de commande de Scott qui filme son rapprochement progressif
puis son arrimage.
Elliott
et Brian rejoignent le module de commande. La joie des des trois
astronautes est indescriptible. Puis le module lunaire désormais
inutile est largué.
Débute
alors la dernière phase de ce périple spatial : le retour sur
Terre qui s'effectue de la même manière qu'à l'époque des
pionniers et qui se termine par l'ouverture des parachutes qui
freinent la capsule orbitale avant son amerrissage en plein océan
pacifique. Le rendez-vous avec le porte-avion
chargé du recueil est suffisamment précis pour que deux hélicoptère
soient à la verticale de la capsule moins d'une demie-heure
après leur amerrissage.
A
bord du porte-avions, ils sont
accueillis par le directeur de la NASA en personne et un message de
félicitations leur est adressé par le président des États Unis.
La
relance de la conquête spatiale a soulevé comme en 1969,
l'enthousiasme des foules. Les trois astronautes, après avoir serré
dans leurs bras les membres de leur famille et après la somptueuse
réception à la Maison Blanche, où ils sont accueillis en héros,
entament un périple de deux semaines à travers le pays.
Elliott
est pressé d'en finir avec les mondanités. Il est maintenant
impatient de retrouver son équipe et de découvrir les avancées de
son projet en son absence.
Son
statut de premier homme de la mission « MSA » à avoir foulé le
sol lunaire ne lui permet pas de s'évader et il doit bon gré mal
gré participer à toute la tournée organisée par la NASA.
C'est
pour lui la partie la plus désagréable de son aventure spatiale. Il
a l'impression de perdre son temps et son énergie, les mondanités
ne sont décidément pas son fort !
Enfin
il peut rejoindre son équipe et faire le point avec Édouard
North sur les avancées de son projet.
Il
a eu tout le temps pendant la tournée de réfléchir aux
améliorations à apporter au voyage lunaire.
Les
nouvelles technologies employées ont certes grandement amélioré
les choses par rapport à ce qu'avaient connu les pionniers, mais le
matériel de base, de la fusée Saturne aux deux modules, lui paraît
quelque peu anachronique en ce vingt et unième siècle !
Les
ruptures de charges et la complexité des différentes phases du vol
doivent impérativement disparaître.
Il
est convaincu que l'usage d'un seul et même véhicule constituerait
un pas de géant mais pour cela il faut partir sur de nouvelles bases
et repenser de bout en bout le voyage spatial.
En
son absence l'HSEV-1 a été poussé progressivement par ses pilotes
jusqu'à Mach 7. Ils ont testé le dispositif consistant à obstruer
les entrées d'air inférieures des réacteurs et à canaliser la
veine d'air par des entrées d'air supérieures. La génération MHD
réalisée à l'aide d'électrodes disposées dans le nez de
l'appareil afin de l' isoler par l'ionisation du flux d'air dans
lequel il évolue, a été mise en œuvre et a fonctionné suivant
les prévisions des ingénieurs. Seule ombre au tableau la résistance
à la chaleur des matériaux les empêchant d'atteindre des
vitesses plus élevées !
Les
métallurgistes sont à l'œuvre et ont bon espoir de créer à brève
échéance un alliage hyper résistant aux hautes températures mais
dans l'attente le projet piétine !
Elliott
propose donc d'élaborer des plans en vue de la réalisation d'un
HSEV-2 permettant l'emport d'un équipage de trois personnes et de
cinq tonnes de matériel.
Cet
appareil, préfigurera un HSEV-3 sur lequel un nouvel alliage, le
graphène, devrait autoriser des vitesses de l'ordre de Mach 12 en
atmosphère dense et susceptible d'emmener directement et sans
transfert d'aucune sorte, un équipage sur la Lune, voire au-delà.
Fraîchement
auréolé de sa mission lunaire, Elliott obtient une approbation sans
réserve des hautes instances de la NASA ainsi que des crédits
substantiels. Dorénavant le directeur de la NASA lui-même,
convaincu du bien-fondé
de sa démarche, fait reposer sur ses épaules ce
nouveau départ pour une nouvelle conquête spatiale.
Elliott
s'intéresse de près aux recherches des ingénieurs métallurgistes.
Il leur rend de fréquentes visites et leur obtient des crédits
spéciaux pour « booster » leurs recherches.
Leurs
essais sur le graphène commencent à porter leurs fruits et l'on
attend son industrialisation à moyenne échéance.
Dans
cette attente, c'est le titane qui est cette fois encore retenu pour
la construction de l'HSEV-2.
Ses
dimensions et ses capacités de transport tant en personnels qu'en
matériels répondront très exactement à une mission lunaire type.
Ces
nouveaux projets bienvenus donnent un nouvel élan aux équipes de
chercheurs et d'ingénieurs.
Pour
l'heure, il est temps d'explorer avec l'HSEV-1, les très hautes
altitudes. Jusque-là, l'altitude maximale atteinte a été de 30000
mètres mais à cette altitude les réacteurs commencent
singulièrement à manquer d'air !
L'adjonction
de quatre petites fusées d'appoint permet d'atteindre les limites de
l'atmosphère terrestre (une centaine de kilomètres) puis deux cents
kilomètres, altitude à laquelle une satellisation en orbite basse
est envisageable.
A
cette altitude, dans le quasi vide
spatial il est possible d'accélérer l'appareil sans dommage et ils
le poussent progressivement jusqu'à Mach 10 !
L'équipe
HSEV s'est enrichie d'un ingénieur en balistique qui apporte sa
maîtrise des calculs de trajectoires et c'est grâce à lui que les
pilotes d'essai vont sauter le pas et passer du vol classique à la
satellisation.
A
noter que l'emploi de la MHD élimine du même coup l'utilisation du
bouclier thermique pour le retour dans l'atmosphère terrestre
puisque l'appareil n'est pas au contact direct de l'air ambiant.
Après
plusieurs vols à très haute altitude une première satellisation
partielle est réalisée. L'angle de deux degrés choisi pour le
retour dans les couches denses de l'atmosphère et l'emploi de la MHD
leur assure la parfaite intégrité de leur appareil.
Elliott
et son équipe viennent de franchir un pas décisif dans la nouvelle
maîtrise du vol spatial. La démonstration est maintenant faite
qu'il est possible d'aller dans l'espace et d'en revenir avec un seul
et unique véhicule !
La
NASA revoit à la baisse le nombre de fusées Saturne 2.0 à
construire pour la mission «MSA» et modifie ses prévisions pour
passer de 10 à 4 unités.
Dorénavant
la pression s'accentue pour Elliott et son équipe, mais surtout sur
l'équipe d'ingénieurs-chercheurs en matériaux. Tout le monde
attend avec impatience l'avènement de l'HSEV-3 dont on commence
à percevoir clairement le fonctionnement.
Les
vols d'essai se succèdent et parallèlement la construction du
démonstrateur HSEV-2 s'achève.
Configuré
comme pour un vol à destination de la Lune, il servira surtout à
mettre au point son successeur.
La
différence avec l'HSEV-1 est essentiellement une question d'échelle,
il sera quatre fois plus grand que son prédécesseur mais ne
comportera pas d'innovations technologiques majeures.
Les
premiers vols d'essai débutent et avec l'expérience acquise
maintenant, les phases d'essais initiales sont rapidement bouclées.
Convaincus
de sa fiabilité, ses concepteurs l'équipent de quatre fusées
additionnelles qui prendront hors atmosphère le relais des réacteurs
afin de lui faire acquérir de la vitesse et lui faire décrire à
minima une orbite terrestre complète.
Pour
cette grande première, les deux pilotes d'essai Jack Mac'Carlson et
Conrad Stone sont aux commandes, Elliott joue le rôle d'ingénieur
de bord.
Ils
montent pour la première fois à une altitude de trois cents
kilomètres et satellisent leur appareil.
La
vitesse acquise grâce aux quatre fusées est insuffisante pour les
libérer totalement de l'attraction terrestre et ils rejoignent les
couches denses de l'atmosphère à faible taux de descente en suivant
les calculs élaborés par leur ingénieur en balistique. Si tout se
passe suivant leurs prévisions, ils devraient boucler leur première
orbite.
Mais
la vitesse acquise en début de satellisation s'avère insuffisante
et ils ne parviennent pas à décrire une orbite complète.
Ce
n'est qu'une demie victoire mais assez significative tout de même
pour les conforter dans leur entreprise.
L'équipe
se remobilise afin d'équiper l'HSEV-2 de fusées plus puissantes
mais les résultats ne sont pas à la hauteur de leur attente.
Les
métallurgistes sont fous de joie, ils viennent d'achever leurs
travaux ! Ils ont enfin réussi à surmonter toutes les
difficultés rencontrées plus tôt dans l'élaboration de ce nouveau
matériau, le graphène, matériau prometteur s'il en est, car il est
200 fois plus solide que l'acier ; il est très bon conducteur
de la chaleur et de l'électricité et sa température de fusion est
de 3900 degrés Celsius !
Il
est flexible et s'autorépare. Il
se présente sous forme de films superposables à l'infini enfin,
pour résumer, il s'agit du matériau miracle qui va révolutionner
le monde de l'industrie dans les années à venir.
La
patience d'Elliott et de son équipe n'est pas déçue, ils peuvent
donc dès à présent mettre l'HSEV-3 en chantier.
En
attendant ils poursuivent leurs essais avec l'HSEV-2 et testent
plusieurs types de fusées de puissances différentes sans résultats
probants.
Ne
trouvant pas « sur étagère » ce qu'ils cherchent, ils finissent
par mettre au point avec l'aide d'ingénieurs spécialisés, un
modèle spécialement adapté à leur appareil.
Le
résultat ne se fait pas attendre et au premier essai ils réalisent
leur première orbite complète ! L'HSEV-2 a accompli sa
mission, il va maintenant laisser la place à son successeur.
Que
de chemin parcouru en quelques années ! Elliott sent qu'il
n'est plus très loin du but qu'il s'était fixé.
L'HSEV-3
est prêt. Les essais initiaux sont rapidement bouclés et l'on passe
aux essais orbitaux. Les matériaux utilisés sur cet appareil
permettent d'ouvrir un champ de vitesses jamais égalées. L'équipage
peut maintenant réaliser autant d'orbites terrestres que souhaité.
Lors
de l'étude de faisabilité de l'HSEV-3, les ingénieurs avaient
prévu de l'équiper ultérieurement de trois moteurs spécifiques
lui permettant, au moment opportun de le poser verticalement sur le
sol lunaire.
Ces
moteurs maintenant disponibles, sont donc implantés dans les
logements prévus à cet effet dans l'épaisseur de l'aile, suivant
un triangle équilatéral. En configuration lisse ils sont totalement
invisibles. Avant leur emploi leurs tuyères orientables sont
déployées sous l'appareil par un ingénieux dispositif semblable à
un diaphragme d'appareil photographique.
Un
train d'atterrissage rudimentaire composé de trois jambes d'acier
munies d'amortisseurs complète le chantier de modifications qui a
immobilisé l'appareil de longues semaines.
Aux
essais il s'avère que la puissance des moteurs destinés aux vols
verticaux est tout juste passable. Il en sera
tout autrement sur la Lune où la gravité est nettement inférieure
mais il est néanmoins décidé de les remplacer par des moteurs plus
puissants offrant une meilleure marge de manœuvre.
Cette
fois l'HSEV-3 dispose de tous les atouts pour faire la démonstration
de sa capacité à aller se poser sur la Lune avec trois hommes à
bord et de revenir se poser sur terre sur n'importe quel aérodrome,
voire sur n'importe quelle plate-forme
de quatre vingt mètres de côtés.
Pour
le vol lunaire inaugural, Elliott est aux commandes, il a pour
copilote Jack Mac'Carlson, la place de l'ingénieur de bord est
occupée par Conrad Stone.
Ils
sont assistés dans leur entreprise par une équipe au sol de la NASA
chargée de suivre leur vol de bout en bout.
Deux
orbites terrestres complètes leur permettent d'acquérir une vitesse
suffisante pour mettre le cap sur la Lune. Les réacteurs sont
éteints à Mach12 et les moteurs fusée prennent le relais puis ils
sont éteints à leur tour. Ils ne sont rallumés qu'en orbite
lunaire où une poussée inverse ralentit la vitesse de l'astronef.
Une longue décélération les amène ensuite à la verticale du
point de poser qui n'a pas été choisi par hasard : il s'agit
de l'endroit précis où Elliott s'est posé quelques années
auparavant avec le module lunaire dans le cadre de la mission « MSA
». La décélération achevée, les trois moteurs verticaux sont
allumés, le train « d'alunissage » est déployé et l'HSEV-3 se
pose majestueusement pour la première fois sur le sol lunaire. Un
nuage de régolite aveugle temporairement l'équipage avant de
retomber au sol.
Il
n'est pas question pour cette fois de quitter l'astronef. Les trois
hommes se contentent de filmer ce qui les entoure dont les modules
gonflables déployés précédemment par Elliott et son coéquipier.
Ils
passent ainsi deux heures sur la Lune puis après toutes les
vérifications d'usage remettent en route leurs moteurs verticaux à
tuyères orientables. Ils décollent, montent à une centaine de
mètres et allument les moteurs fusée. Arrêt des moteurs verticaux,
escamotage du train, l'appareil prend très rapidement de la vitesse
en montée à faible taux.
A
la vitesse requise les moteurs fusée sont stoppés. Prise de cap
vers la Planète Terre.
A
destination, satellisation, décélération, descente dans les
couches denses de l'atmosphère, allumage des réacteurs et retour à
la base d'Edwards.
La
boucle est bouclée !
Elliott
est très fier du travail accompli par son équipe. Il réunit tout
les participants au projet et leur exprime ses chaleureuses
félicitations et sa gratitude au cours d'un pot amical.
La
réalisation et la concrétisation de son projet un peu fou vont
dorénavant donner une autre dimension au vol spatial.
Les
responsables de la NASA, jusqu'aux plus sceptiques qu'Elliott avait
eu tant de mal à convaincre, sont tous maintenant totalement acquis
à la cause et échafaudent déjà des plans ambitieux pour l'avenir.
L'exploration
du système solaire peut enfin commencer !